Conférence-débat “Marx et Nietzsche”

Par Eric Dufour et Franck Fischbach, le 12 avril à 18h00 à la librairie Ombres Blanches (50 rue Gambetta, Toulouse)

Dans une époque marquée par le retour du religieux et l’éclipse des grands récits d’émancipation, les figures de Nietzsche et de Marx paraissent devenir intempestives. Alors que l’alternative « Marx ou Nietzsche » a longtemps fixé les termes du débat philosophique (particulièrement en France), il semble que nous ayons plutôt affaire aujourd’hui à un consensus du genre « ni Marx ni Nietzsche ».

Et pourtant, les deux grands « maîtres du soupçon » doivent encore avoir quelque chose d’inquiétant : rappelons-nous que quelques dénonciateurs patentés de ce qu’ils ont eux-mêmes appelé la « pensée 68 » ont cru devoir s’associer il y a quelques années pour faire paraître un « Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens » (auquel Pierre Macherey a justement répliqué d’un « Parce que nous n’avons pas lu Nietzsche »).

A quoi s’ajoute que le Pape lui-même, dans sa récente Encyclique, a jugé encore utile de s’en prendre nommément aux deux penseurs allemands, les désignant par là clairement comme étant toujours les deux principaux adversaires d’une vision chrétienne du monde et de l’homme. Cette animosité publiquement affichée à l’égard de Marx et de Nietzsche est déjà à soi seule une bonne raison de les lire encore, bien que cela ne soit évidemment pas la seule. A l’heure où la mondialisation néo-libérale s’accompagne de l’imposition d’un ordre moral et de l’orchestration d’un conflit des religions, Marx et Nietzsche sont encore ou redeviennent d’indispensables compagnons de vigilance et instigateurs de résistance.

Eric Dufour et Franck Fischbach dans leur approche respective de Nietzsche et de Marx, ont en commun de revenir aux textes mêmes de leur auteur et d’en produire une lecture qui n’en fait plus de géniaux solitaires : cette lecture les ressaisit au sein de l’histoire de la philosophie allemande moderne (au-delà du seul rapport de Nietzsche à Schopenhauer et de Marx à Hegel) et montre que la puissance critique radicale de leur œuvre se comprend d’autant mieux qu’on montre en quoi ils s’inscrivent dans une époque de la pensée (ouverte par Kant et le post-kantisme) qu’ils portent à ses propres limites.

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