A partir d’une réflexion sur l’éclatement de la philosophie classique qui conduit de la pensée de Friedrich Nietzsche à l’expérience cinématographique, cet ouvrage se propose de mettre au jour l’étrange parenté qui les unit l’une à l’autre. Emerge alors l’idée selon laquelle le cinéma s’inscrit dans la filiation de la parole nietzschéenne, plus encore, qu’il en est la mise en scène. Le spectateur éprouve la fin de la métaphysique inaugurée par Platon.
Il traverse cet espace déserté par les dieux que Nietzsche a évoqué. A l’immobilisme prôné par la philosophie occidentale, répond l’espace cinématographique, désorienté, dispersé. Au concept de présence s’opposent un temps disséminé et un ” ici et maintenant ” impossible. Au sujet unique de l’ontologie platonicienne, le cinéma répond par l’identification spectatorielle, incarnation du sujet pluriel, polyphonique et multiplié, décrit par Nietzsche. Cet essai tente de prendre la mesure de ces similitudes conceptuelles et assume les conséquences d’un tel legs. En considérant le cinéma non plus seulement comme un objet de pensée mais comme une force de pensée, il interroge la notion même de philosophie et l’entraîne vers l’impureté.
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