Stendhal / Nietzsche encore :
La relation de Nietzsche à Stendhal est à la fois bien connue et méconnue. Les thèmes communs et points de rencontre ont été relevés dès longtemps, en particulier par Charles Andler : l’Italie, l’énergie, Napoléon, la musique sont les plus remarquables, et on pourrait aisément y ajouter, entre autres exemples, la passion partagée pour les lieux élevés (et leur relation avec l’élévation de l’esprit et de l’âme) ou pour la Transfiguration de Raphaël. Sont également « bien connues » les enthousiastes déclarations de l’époque niçoise (Nietzsche voit en Stendhal son « défunt ami ») et le nom de l’auteur de La Chartreuse de Parme figure à deux reprises en 1885 dans la brève liste nietzschéenne des « chers Européens d’aujourd’hui – et de demain ». Il reste qu’après Charles Andler, et à l’exception notable de Patrick Wotling, ce chemin de pensée (et de montagne) a peu été emprunté. Il conviendra d’en chercher les raisons. La recherche s’orientera vers une sortie du comparatisme traditionnel en abandonnant la notion d’influence, lui préférant celle de transfert pour aboutir à une entité, un bloc intitulé Stendhal /Nietzsche où les lignes de pensée conjointes apparaissent par-delà les individualités. Un tel transfert n’est réellement opérant que si l’on prend garde de ne pas brûler les étapes à vrai dire très nouées de la réception des deux penseurs. Et les points de rencontre nouveaux, par exemple le cosmopolitisme ou la philosophie de l’esprit libre, ne doivent pas cacher les différences ou les points de friction, par exemple au sujet de Rousseau, du romantisme, des Grecs, de la peinture ou derechef de la musique. Le plus étonnant est qu’un tel « brassage » puisse dessiner les linéaments d’une philosophie de l’après-demain. Problème : les « bons Européens » sont-ils toujours là pour entendre cette (double) voix ?
Attention, salle de conférences du 46 rue d’Ulm.
Séminaire de recherche Nietzsche. Travaux en cours, organisé par Paolo D’Iorio et David Simonin
École normale supérieure Institut des textes et manuscrits modernes
L’entrée est libre pour tous dans la limite des places disponibles.