La philologie, hypertrophie d’une pulsion de connaissance objective devenue tyrannique, d’une volonté de savoir à tout prix, emportée par une passion monstrueuse qui ne sait plus choisir, qui refuse désormais de penser et néglige de s’interroger sur la valeur des différentes connaissances, doit-elle être fuie? La philologie, paradigme de l’éducation à la rigueur, à la scientificité au sens le plus noble du terme, maîtresse de probité intellectuelle et protection contre les délires imaginatifs qui s’emparent si aisément de la méditation philosophique, principe de la maîtrise de soi et du sacrifice des préférences subjectives naïves ou spiritualisées, doit-elle être poursuivie? Toute la réflexion de Nietzsche est comme tendue entre cette double appréciation. Par laquelle l’auteur d’Ainsi parlait Zarathoustra cherche précisément à faire saisir à son lecteur comment il convient de repenser la pratique philosophique. Peut-être en effet la philosophie n’est-elle pour Nietzsche, en un certain sens, que la philologie continuée par d’autres moyens – et peut-être même est-ce là ce que veut suggérer la caractérisation fondamentale de cette dernière comme « art de bien lire ».
Ont contribué à ce volume : J.-Fr. Balaudé, B. Benoit, É. Blondel, G. Campioni, C. Denat, M. Dixsaut, Kathleen M. Higgins, S. Marton, G. Métayer, C. Piazzesi, C. Rapp, Robert C. Solomon, W. Stegmaier et P. Wotling.
Vrin, « Tradition de la pensée classique », 2013. 304 p.
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