University of Cyprus
Université de Chypre
Department of French Studies and Modern Languages
Département d’Études francaises et de Langues vivantes
Nicosia, Cyprus
Nicosie, Chypre
31.10.2008 – 2.11.2008
Invited Speaker – Conférencier invité: Philippe Lejeune
Call for papers
The idea of decenterment signifies a major evolution of the very notion of subject, triggered by the philosophy of Nietzsche, which dominates poststructuralist and postmodernist thought. The omnipotent I, usually thought of as a physiological, grammatical and philosophical commodity, has been repeatedly questioned. Therefore, its internal topography seems nowadays to obey numerous agencies and undergo multiple transformations; in addition to that, psychoanalysis has long questioned any pretenses of a ‘homogenous’ and ‘true’ subject. If Nietzsche claimed that suggesting the existence of a unique subject was no longer necessary, would it be legitimate to suppose that there are multiple subjects and that their interaction is at the heart of our thought?
In fact, one could say that the decentered subject somehow tends to be reestablished by being relocalized: anti-subject practices of surrealism, the Nouveau Roman, the new autobiography and poststructuralism frequently go hand in hand with a certain reclaiming of subjectivity partly founded on the “solidity” of common sense. Even though the former are supposed to exclude the latter and vice versa, their almost inevitable complementarity keeps them together; that’s probably why Charles Taylor (Sources of the Self) talks about a quasi paradox.
In this ongoing and everlasting process of re-subjectivization, the place held by the discourses of the body seems to be particularly important. Thinking (through) the body there is always a body and a self in the body, Nietzsche tells us incorporates the abstract and embodies the speculations of Theory. Hence the instrumentalized body is replaced by a bodiliness which becomes the site of the revisited subject. This kind of discourse often focuses on the metaphor of digestion. On the one hand, this metaphor can be the paradigm of every “bio-graphy”, that is of a discourse which might be described in terms of an “orexis” or of an “eating well” which encourages us to “identify with the other, who is to be assimilated, interiorized, understood ideally” (Derrida, “ ‘Eating Well’, or the Calculation of the Subject”). On the other hand, this very metaphor is equally present in the writing of “auto-bio-graphy”, given that “a strong and successful man digests his experiences (his actions, including his evil actions) as he digests his meals” (Nietzsche, Genealogy of Morals).
This conference aims to explore the multiple facets of the disappearance and the resurgence of the subject placing special emphasis on the discourses of the body and of the self, in order to investigate what the neologism of the title, namely auto-bio-phagy, might mean. Given the interdisciplinary perspective of the conference, proposals focusing on philosophy, literature, visual arts as well as other disciplines within the humanities are welcome. Papers presented at the conference will be submitted to peer review in order to be included in a collective volume. The conference will be held in English and French.
Proposals (200-300 words) should be sent via email to May Chehab (mchehab@ucy.ac.cy) and Apostolos Lampropoulos (aplampro@ucy.ac.cy) before June 15, 2008. The draft program of the conference will be established early July 2008.
Appel à communications
La notion de « moi éclaté » condense une évolution de la notion du sujet, marquée sinon initiée par la réflexion nietzschéenne et qui traverse la pensée poststructuraliste et postmoderniste. Ayant longtemps été une « commodité » physiologique, grammaticale et philosophique, le moi dans sa toute-puissance est devenu objet de dénigrement. En effet, sa topographie interne semble dorénavant obéir à une pluralité d’agents différents et de multiples emboîtés de soi, d’autant que la psychanalyse elle aussi a largement disqualifié la prétention à l’unité et à la vérité du sujet. Si Nietzsche posait que l’hypothèse d’un sujet unique n’était peut-être plus nécessaire, est-il tout autant permis de supposer qu’il existe « une pluralité de sujets dont l’interaction et la lutte sont au principe de notre pensée » ? (Fragments posthumes)
On peut en effet opposer que le sujet éclaté tend à se reformer en se relocalisant, puisqu’il semble y avoir concurremment poussée antisubjectiviste (délocalisations aussi bien du surréalisme, du nouveau roman, de la nouvelle autobiographie que des investigations poststructuralistes) et revendication d’une re-subjectivation (en partie soutenue par la « solidité » du sens commun). Car même si ces mouvements doivent s’opposer, leur irréductible complémentarité les rapproche, ce qui permet à Charles Taylor (Les Sources du moi) de suggérer la présence d’un quasi-paradoxe.
Une place importante est occupée, dans ce processus de re-subjectivation, par les multiples discours du corps : la pensée du corps – il y a toujours le corps et le soi dans le corps, répète Nietzsche – incorpore l’abstrait, donne corps aux spéculations de la théorie, où le corps instrumentalisé cède la place à une corporéité devenant le lieu du sujet revisité. Ce discours se décline particulièrement dans la métaphore digestive. Celle-ci est d’abord caractéristique de tout discours « bio-graphique » portant sur l’Autre, un discours qui peut être conçu en termes d’ « orexis » ou de « bien manger » qui incite à « s’identifier à [l’autre], à l’assimiler, l’intérioriser, le comprendre idéalement » (Derrida, « ‘Il faut bien manger’ ou le calcul du sujet »). Cette même métaphore est également présente dans l’écriture « auto-bio-graphique », depuis qu’ « un homme fort et bien doué digère les événements de sa vie (y compris les faits et les forfaits), comme il digère ses repas » (Nietzsche, Généalogie de la morale).
Le colloque se propose donc d’explorer les diverses manifestations de la disparition et de la résurgence du sujet en mettant l’accent sur les discours du corps et du moi dans ce que l’on pourrait appeler – pour revenir au néologisme du titre – les relations d’auto-bio-phagie. Étant donné le caractère interdisciplinaire de la thématique, les communications relevant de la philosophie, de la littérature, des arts visuels ou d’autres domaines des sciences humaines seront les bienvenues. Les communications présentées au colloque seront ultérieurement soumises à un comité d’évaluation par des pairs en vue d’une publication en volume collectif. Les langues du colloque sont le français et l’anglais.
Les propositions de communication (200-300 mots) doivent être envoyées par courrier électronique à May Chehab (mchehab@ucy.ac.cy) et à Apostolos Lampropoulos (aplampro@ucy.ac.cy) jusqu’au 15 juin 2008. Le programme provisoire du colloque sera établi début juillet 2008.
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